ETUDIANTS CADRES DE SANTE-AIX
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groupe, équipe, représentations sociales

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Message par Hélène B Mar 25 Nov - 21:37

5.1. L’arrivée d’un nouveau cadre entraine des changements dans le fonctionnement d’une équipe.
La situation décrite se déroule quelques mois après mon arrivée comme infirmière coordinatrice. Ce changement de cadre, au sens de la personne, a modifié le cadre, au sens de référence, des soignants. Mucchielli (2007, p. 83) analyse les rapports entre l’autorité et les structures d’influence. Il affirme que « la personnalité du chef, son style et ses modes d’action ont (…) une influence sur le climat ».
Le cadre qui exerçait auparavant et qui était à l’origine de l’ouverture du service pratiquait un management de type paternaliste. Les aides-soignantes, autonomes dans leurs tâches auprès des patients à domicile, étaient totalement dépendantes par rapport au fonctionnement du service. Mon arrivée provoque un changement profond des habitudes de chacun. L’équipe est déstabilisée, perd ses repères.
Le nouveau groupe que nous constituons « engendre d’une part une anxiété collective et d’autre part la mise en alerte générale des mécanismes de défense sociale du Moi de chacun. (…) Dans cette étape où le groupe n’existe pas, les stéréotypes constituent l’essentiel de la perception de chacun par chacun.» (Mucchielli, p. 26)
A cette période cohabitent la peur de l’inconnu, les incertitudes quant à l’attitude à avoir, la question du jugement et du regard de l’autre. Les soignants sont à la recherche de similitudes ou de différences entre l’ancien fonctionnement et le nouveau, se basant sur leur histoire professionnelle et individuelle.
De plus, au sein du groupe, les individus réagissent chacun différemment au changement. Pour certains rôde le « fantôme des premiers fondateurs » (Enriquez, 2000, p. 83). Leur discours idéalise le fonctionnement originel du service. Ces personnes ne veulent pas imaginer que quelque chose soit modifié dans l’organisation ni le fonctionnement.
D’autres personnes se positionnent en spectateurs et quelques uns semblent s’épanouir dans ce nouvel espace.
L’équipe est dans une phase de mutation et de repositionnement des différents acteurs les uns par rapport aux autres.

5.2. La tâche confiée à un membre de l’équipe l’a positionnée différemment au sein de cette même équipe.
Le groupe constitué doit maintenant se transformer en équipe de travail.
Mucchielli évoque l’étymologie du mot équipe : « Equipe viendrait du vieux français esquif qui désignait à l’origine une suite de chalands attachés les uns aux autres et tirés par des hommes (…) ou des chevaux. (…) Il y a donc dans ce mot un lien, un but commun, une organisation, un double dynamisme venant aussi bien de la tête que de l’ensemble, une victoire à gagner ensemble ». (Mucchielli, p. 12) L’équipe comprend donc dans sa définition la poursuite d’un but commun. Pour tous les membres de l’équipe la « victoire à gagner ensemble » est bien identifiée ; il s’agit d’assurer des soins de qualité au patient.
L’actualisation des dossiers est l’une des activités des soignants. Cette activité n’avait pas été prise en compte dans le service. Lors des réunions d’équipe, cette notion est acceptée par tous. Les aides-soignants travaillent seuls à domicile et les soins dispensés ne sont pas tout à fait identiques en fonction de la personne qui intervient.
La collaboration et le partage d’information est réel et efficace. Il y a donc bien là un but commun, celui d’actualiser un outil de travail. Les dossiers sont mis à jour avec la participation de chacun, en tenant compte des consignes données et des particularités des prises en charge individuelles.
Pourtant, Valérie se retrouve positionnée à part de ses collègues. En effet, les buts immédiats poursuivis par les aides-soignants diffèrent puisque les uns assurent le quotidien du soin et que Valérie est chargée de tâches administratives
Une « rivalité interpersonnelle » apparait et peut signifier aux autres « leur recul ou leur infériorité dans la performance compétitive. » (Mucchielli, p. 44). Cette place hors du soin direct au patient la situe singulièrement. Ce travail est également considéré comme moins pénible, moins fatigant, quelque part privilégié. De plus, il s’effectue assis, dans un bureau et à des horaires de bureau.
5.3. La situation de l’aide-soignante, assise à la place de l’infirmière coordinatrice, met en jeu des représentations sociales.
Le conflit ne s’est déclaré qu’une fois Valérie assise à mon bureau et en mon absence. Ces deux données doivent être considérées comme des éléments déclencheurs du conflit. Les représentations sociales entrent en jeu à ce moment.
La représentation sociale est définie dans le dictionnaire des concepts clés comme une « construction mentale qui porte sur les personnes, les relations entre les personnes et les situations. « C’est à l’interface du psychologique et du social que nous place la notion de représentation sociale. Elle concerne au premier chef la façon dont nous, sujets sociaux, appréhendons les évènements de la vie courante, les données de notre environnement, les informations qui y circulent, les personnes de notre entourage proche ou lointain » (Moscovici) » (Raynal, Rieuner, 2003)
Il y a un bureau dans le service, c’est celui de l’infirmière qui encadre l’équipe. Lorsque cette donnée de l’environnement change et que Valérie s’y trouve installée, Cathy ne peut le supporter. Sa représentation de la place de chacun est bousculée.
En s’asseyant à mon bureau, Valérie s’est emparée de l’un des symboles du pouvoir. Elle est sortie de la norme édictée par le groupe. « Les normes sont les règles et les mesures de comportement que se donne un groupe. Elles naissent du vécu du groupe, dans lequel s’installent des habitudes de conduite. Peu à peu ces habitudes de conduites s’érigent en référence et deviennent des normes. » (Breard, Astor, 1999, p. 51)
Les habitudes sont bouleversées. De plus, les tâches administratives du service ne peuvent relever que de deux fonctions : celle de l’infirmière coordinatrice et celle de la secrétaire. Or la place occupée par Valérie la positionne symboliquement en tant que chef.
Les normes sont des références collectives et permettent donc à Cathy de s’exprimer au nom de tous. « Partager une idée, un langage, c’est (…) affirmer un lien social, une identité. » (Jodelet, 1997, p. 67). En excluant Valérie du groupe des aides-soignants, elle consolide la vision de son identité professionnelle.
Enfin, alors que tout au long de cette démarche j’étais présente dans le bureau, le conflit éclate le jour où je ne suis pas là. Les règles de comportement édictées par le groupe, les représentations sociales amènent Cathy à faire ces remarques à sa collègue mais ne lui permettent pas de le faire en ma présence.
CONCLUSION
Le travail d’analyse et la recherche bibliographique qui y est associée m’ont permis d’éclairer cette situation sous des angles nouveaux.
Tout d’abord, il faut noter que contrairement au groupe que l’on constitue, une équipe, et tout particulièrement une équipe de soins, se construit. Le rôle du cadre est essentiel dans cette construction. Il fédère les acteurs autour de ce qui est essentiel pour cette équipe afin de définir une visée commune.
Ensuite, il est important de comprendre que chacun, de part son vécu personnel et professionnel, porte un regard différent sur les objets et les personnes qui l’entourent. Cette diversité amène également des ressources variées. Le cadre de santé doit s’appuyer sur cette richesse que constitue l’hétérogénéité des membres. Les capacités individuelles doivent être valorisées et soutenues dans l’intérêt de toute l’équipe.
Enfin, l’observation de situations de changement montre qu’elles génèrent de l’inquiétude, voire de l’anxiété. Le cadre peut accompagner le changement en recentrant les acteurs sur la visée de l’équipe. En donnant du sens à l’action commune, il aide les soignants à prioriser ce qui est fondamental de ce qui relève de l’accessoire.


BIBLIOGRAPHIE



Breard, R., Astor, P. (1999). De l’individu à l’équipe. Paris : Liaisons

Enriquez, E. (2000). Le travail de la mort dans les institutions. In Kaes, R et al, L’institution et les institutions : Etudes psychanalytiques (2ème ed, pp 62-94). Paris : Dunod

Jodelet, D. (1997). Les représentations sociales. Paris : Presses Universitaires de France

Mucchielli, R. (2007). Le travail en équipe. Issy-les-Moulineaux : ESF.

Raynal, F., Rieuner, A. (2003). Pédagogie : le dictionnaire des concepts clés. (4ème ed) Paris : ESF

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Message par knky Mer 26 Nov - 0:38

merci helene
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